Les Mattacini, ces clowns lanceurs d’œufs du Carnaval de Venise
Ça y est, le mois de février est là ! Certain·e·s l’attendent avec impatience pour les vacances d’hiver, d’autres pour la Saint-Valentin. Chez nos voisin·e·s outre-Alpes, le mois de février est aussi synonyme de festivités. C’est en effet à cette période de l’année que se déroule le célèbre Carnaval de Venise. Datant du Moyen Âge, le Carnaval commence dix jours avant le Mercredi des Cendres et se poursuit jusqu’au Mardi gras. Initialement symbole de transgression des normes sociales, via le port de masques et de costumes, le carnaval a connu plusieurs évolutions. Si au 17ème siècle, et à l’époque baroque, débute l’âge d’or du carnaval de Venise, celui-ci connaît par la suite un déclin jusqu’à sa résurgence dans les années 1980. Parmi les traditions-phares de l’événement, on compte notamment le fameux défilé de costumes. Mais saviez-vous qu’une pratique très ancienne du carnaval avait été interdite ? Il s’agit du lancer d’œuf des Mattacini !
Qui étaient les Mattacini ?
Les différents costumes du Carnaval
Quand on pense au Carnaval de Venise, costumes bariolés et masques mystérieux viennent immédiatement à l’esprit. Derrière cette accumulation de couleurs se cache une tradition très codifiée. En effet, il existe plusieurs costumes types du Carnaval de Venise : des costumes d’étrangers (comme le maure), de métiers (comme le pêcheur) et bien sûr les traditionnels costumes vénitiens et ceux de la commedia dell’arte. Parmi eux, on compte :
- La Bauta, composée d’une longue cape noire ainsi que d’un capuchon de soie noire et d’un mantelet en dentelle. Il comporte également une tricorne pour la tête et un masque pour dissimuler le visage. La Bauta ne laisse rien entrevoir de celui·celle qui se cache derrière.
- La Moretta, était particulièrement appréciée des femmes. Il s’agit d’un masque ovale en velours ne cachant que le centre du visage, accentuant ainsi le décolleté et le port des cheveux. Mais impossible de parler avec ce masque qui tient sur le visage par un bouton serré entre les dents !
- La Gnaga, composée d’une robe et d’un masque évoquant un cochon. Ce costume de femme jouant sur la grossièreté était traditionnellement porté par les hommes de façon subversive.
- Le Domino, la variante élégante de la Bauta. Cette grande cape surmontée d’un capuchon était une parodie de l’habit religieux.
- Le Médecin de la peste, est un déguisement issu d’un habit préconisé pour les médecins des pestiférés. Pour se protéger de la peste, les docteurs revêtaient une tunique en lin ou en toile cirée, ainsi qu’un masque en forme de long bec d’oiseau rempli d’herbes médicinales. Le costume est également composé d’un chapeau, de lunettes, de gants et d’une baguette pour soulever les vêtements des pestiférés.
- Le Mattacino, est une sorte de clown vêtu d’une tenue multicolore, avec ou sans masque, d’un chapeau à plumes et d’une fronde.
Le masque à Venise
Le masque à Venise est plus qu’un ornement pour se cacher le visage, il est une véritable métonymie désignant à la fois l’ensemble du costume vénitien, ainsi que la tradition subversive de la dissimulation. A l’époque, on pouvait assister masqué·e à toutes les grandes fêtes officielles de Venise, jusqu’à ce que le port masque soit de plus en plus toléré. Il était en revanche interdit lors de toutes les grandes fêtes religieuses, y compris, celles qui se situaient dans la période de carnaval.
Mais le masque n’était pas uniquement synonyme de fête. Il permettait l’anonymat, à l’époque où la société était extrêmement rigide. Les politiciens pouvaient circuler en liberté, les joueurs échapper aux regards de leurs créanciers et les amoureux se retrouver en secret. Car comme dit bien l’adage, « pour vivre heureux, vivons cachés » !
Le lancer d’œufs, késaco ?
Vous vous souvenez de la fronde des Mattacini dont on vous parlait plus haut ? Eh bien elle ne faisait pas partie de leur costume par hasard. Cette fronde servait à la coutume du lancer d’œufs ! A l’époque, les Mattacini se déplaçaient à plusieurs et lançaient des œufs remplis d’eau parfumée sur les femmes qu’ils désiraient séduire… et des œufs pourris sur les autres. Mais ce jeu vu d’un mauvais œil par les autorités fut interdit en 1268. En vain, semble-t-il, puisqu’au final elles préférèrent protéger le passage des femmes par des filets plutôt que d’empêcher le lancer d’œufs. La coutume était en effet devenue si populaire qu’elle donna lieu à un véritable marché où les œufs étaient vendus par des marchands ambulants.
Et maintenant, que fait-on au Carnaval de Venise ?
Cette année le Carnaval aura lieu du 8 au 25 février. Si aujourd’hui le but n’est plus de transgresser les normes ni de jeter des œufs sur l’élu·e de son cœur, il reste encore plein de choses à faire au Carnaval de Venise, comme assister aux différents défilés et fanfares qui parcourent la ville.
Le 9 février, ne manquez pas le spectaculaire défilé sur les eaux du Rio di Cannaregio qui promet d’être haut en couleurs. Et le 16 février, assistez au célèbre Vol de l’Ange lors duquel une jeune fille retenue par un fil s’élance du campanile de la place Saint-Marc jusque dans les bras du Doge tout en bas. Pour plus d’informations sur les évènements à ne pas rater, rendez-vous sur le site officiel du Carnaval.
En quête d’une idée originale pour un petit voyage en amoureux à la Saint-Valentin ? Pourquoi ne pas aller explorer la romantique Venise et profiter de la période pour assister au flamboyant Carnaval de Venise ? L’occasion de vivre un moment unique, témoin de la perpétuation de traditions ancestrales, et de créer de merveilleux souvenirs. Vous souhaitez les partager avec vos proches ? Envoyez-leur une carte postale personnalisée pour accompagner vos bons baisers de Venise.