Les préjugés sur les femmes qui voyagent seules ont la vie dure. Si les hommes autour de vous voyagent en solo sans que cela ne fasse sourciller personne, il y a fort à parier que le même sort ne vous soit pas réservé. En effet, l’idée d’une femme seule en sac à dos à l’autre bout du monde a le don d’inquiéter. On se dit que les femmes sont plus vulnérables et que par sécurité il serait préférable qu’elles voyagent accompagnées. Mais, fort heureusement, le périple en solo n’est pas l’apanage de la gent masculine.
De nos jours, de plus en plus de femmes sautent le pas et se décident à partir seules. Des communautés entières de globetrotteuses se tissent régulièrement, notamment sur les réseaux sociaux, autour de ce désir d’aventure. Le groupe Facebook Voyager au féminin en sac à dos créé par Jenny Diab compte plus de 70 000 utilisatrices. Les voyageuses y partagent questions, avis, bons plans ; le mot d’ordre numéro un : l’entraide. Jenny Diab, comme beaucoup d’autres blogueuses, a également son propre site. Elle y donne des conseils avisés sur des thématiques pratiques comme la gestion de la contraception en voyage.
Chez Fizzer, on aime vous pousser à vous dépasser et à vous épanouir. Alors bien sûr, c’est à 200% que nous soutenons l’initiative des femmes de voyager seules. Nous avons donc recueilli des témoignages de globetrotteuses aguerries, en espérant qu’elles vous inspirent et vous encouragent à votre tour.
Le témoignage de Philomène, 27 ans
Philomène a toujours été attirée par les cultures et les langues étrangères. Elle a commencé très tôt à voyager seule, et qui plus est, loin de chez elle. Aujourd’hui elle compte les États-Unis, la Malaisie, le Sri Lanka, le Cambodge, le Vietnam, la Thaïlande, la Nouvelle-Zélande, la Polynésie et la Vanuatu parmi les pays qu’elle a visités en solo. Et, à entendre son témoignage, il est évident que ces expériences lui ont apporté beaucoup.
Ses récits montrent que ce qui aurait pu sembler plutôt peu sécurisant de l’extérieur (comme loger seule chez des hommes célibataires inconnus) a été finalement source de moments hors du commun. Moments qu’elle n’aurait probablement pas pu vivre sans sortir des sentiers battus, comme le prouve son expérience en Nouvelle-Zélande : « je me suis retrouvée en couchsurfing chez un célibataire de 40 ans avec son chien et ses potes – ils m’ont emmenée pécher, faire la fête, m’ont fait découvrir la ville. J’étais censée rester une nuit, j’en suis restée quatre ! ».
En Polynésie, également elle a vécu une expérience improbable : « j’ai passé trois nuits dans une cabane de pêcheur sans porte, chez un (encore un !) éternel célibataire d’une cinquantaine d’années – il n’était pas spécialement poli de manière générale, mais je m’y suis très bien sentie. ». Comme quoi, les ours mal léchés peuvent finalement faire des hôtes tout à fait convenables.
Enfin, au Sri Lanka, Philomène s’est émerveillée de la générosité et de la bienveillance des gens. « Il y a seulement quatre ans, j’ai dîné seule avec un sri lankais d’une cinquantaine d’années qui travaillait dans les pierres précieuses, et qui, en apprenant mon ignorance absolue desdites pierres m’a invitée chez lui pour m’en enseigner l’art. Jamais un regard ni une remarque déplacée. Lorsque je lui ai dit que je souhaitais partir, il s’est évidemment comporté de manière tout à fait normale et m’a laissée faire, m’invitant si je le souhaitais à déjeuner le lendemain, précisant par ailleurs qu’il ne le prendrait pas mal si je refusais. Quand je suis revenue le lendemain, il m’avait préparé un petit panier de victuailles et une pierre pour mon départ. ».
De tout cela, Philomène tire deux conclusions : 1. les femmes peuvent aller partout. En effet, on ne peut pas généraliser sur une population à grande échelle. Il n’y a donc pas d’endroit à proscrire définitivement pour les femmes. 2. Les femmes en voyage ne sont pas responsables de ce qui leur arrive. Tant qu’elles respectent les coutumes du pays en question, elles n’ont pas à se sentir coupables d’éventuels regards ou comportements malveillants. Ce n’est pas parce qu’un pays est classé comme très sécurisé par le gouvernement, que vous y serez mieux protégée qu’ailleurs en tant que femme.
Questions conseils, pour Philomène il ne faut pas trop se fier aux réseaux sociaux. Les récits y sont parfois biaisés, et la mauvaise expérience qu’une autre aura vécue, sera une bonne expérience pour vous. Et vice versa.
Sa règle d’or : « faire preuve de bon sens et s’écouter ». Votre instinct est votre plus grand allié lorsque vous êtes à l’autre bout du monde sans vos proches. N’hésitez jamais à quitter un endroit si votre conscience vous dit que quelque chose ne tourne pas rond. « Par ailleurs, » rappelle Philomène « il y a bien sûr des endroits qui ne sont pas propices aux sorties nocturnes. Cela relève du bon sens ».
Alors, quand on demande à Philomène quel pays elle recommanderait pour un premier voyage en solo elle nous répond « un pays qui vous fait envie ». Selon elle, il n’y a pas de bon ou de mauvais pays. Tant que vous savez adapter vos manières, votre tenue etc. il n’y a pas de raison qu’un pays ne soit pas fait pour vous. Même si, bien sûr, vous n’allez pas partir dans un pays en guerre, ou un pays ou les droits des femmes sont ostensiblement bafoués, cela va de soi.
Le témoignage de Manon, 28 ans
Manon est partie pour la première fois en 2016, après avoir entendu les récits inspirants de ses cousines ayant elles-mêmes voyagé seules. N’ayant pas eu la possibilité de faire d’échange pendant ses études, elle avait accumulé en elle une véritable soif de découverte.
Elle a donc attendu le moment opportun pour sauter le pas.
Pour voyager seule, il faut prendre son courage à deux mains
« J’ai dit à tout le monde que je partais, comme ça j’étais obligée de le faire », raconte-t-elle. Elle a alors pris un aller-retour pour Rio, où elle est restée quatre mois, pour ensuite aller en Argentine, Bolivie et retourner au Brésil. Manon se souvient avoir eu la boule au ventre le jour du départ, malgré son audace lors de sa décision de partir. À tel point qu’avant l’embarquement, elle hésitait presque à faire demi-tour. Mais elle rajoute, « On se rend compte que, comme on est tout seul, avec personne sur qui se reposer, on a une espèce de force en soi hyper rassurante qui prend le contrôle, qu’on ne connaissait peut-être pas forcément avant. »
Finalement, le fait d’être seule fait ressortir notre débrouillardise, on a l’impression de pouvoir tout faire ! « C’est une sensation de liberté qui est assez incroyable », dit-elle. Elle ne cache pas néanmoins avoir eu beaucoup de coups durs à des moments pourtant anodins en apparence. En effet, les voyages en sac-à-dos sont très fatigants, et la perte de confort et de repères est déstabilisante. Mais ces moments sont loin d’être rédhibitoires par rapport aux bénéfices procurés par le voyage !
Par ailleurs, elle explique que le fait de voyager seule amène à tisser beaucoup de liens avec les gens. Cela peut demander beaucoup d’énergie mais c’est au final la partie la plus gratifiante du voyage en solitaire.
L’Amérique du Sud et la générosité
Pour ce qui est de l’accueil, Manon recommande tous les pays où elle est allée.
« En Bolivie ils sont un peu farouches encore, je pense qu’il y a moins de tourisme qu’au Brésil etc. ». Mais ce manque de chaleur ne l’a pas fait se sentir en insécurité pour autant.
Avant son départ, l’entourage de Manon avait fini par l’angoisser à force d’inquiétudes sur son voyage. Pourtant, elle confirme aujourd’hui que tous ces a priori étaient faux. Il ne lui est strictement jamais rien arrivé de problématique. Bien sûr, elle s’est déjà retrouvée dans des quartiers mal famés. Cependant, l’insécurité qu’elle a pu y ressentir n’avait pas de rapport avec le fait d’être une femme.
Le fait d’être seule permet aussi aux gens de vous ouvrir facilement leur porte. Quand elle a été accueillie par des locaux en Amérique du Sud, elle a été très surprise de leur générosité. « On a dix fois plus de moyens qu’eux mais ils ne nous laissent rien payer ». Les gens sont très curieux et ne demandent qu’à en apprendre plus sur vous. Elle a également été étonnée du contraste entre l’inquiétude des gens en France face à son départ, et les réactions des sud-américains. Eux, à l’inverse, ne lui ont jamais fait la moindre réflexion sur une quelconque imprudence que pourrait représenter son voyage. Peut-être cela s’explique-t-il aussi par le fait que les femmes là-bas voyagent souvent seules, notamment les colombiennes et les péruviennes.
Comme Philomène, Manon s’est retrouvée à rester beaucoup plus de temps que prévu à plusieurs endroits. À tel point qu’à la fin de son séjour, elle n’avait plus envie de repartir.
Voyager seule et tisser des liens dans chacun des pays visités
Bien qu’elle ait adoré l’Amérique du Sud, elle recommande l’Asie du sud-est pour un premier voyage. Les gens parlent très souvent anglais. Le coût de la vie est moins cher, et on s’y sent peut-être encore plus en sécurité.
Plus tard, Manon a aussi fait du wwoofing (réseau qui permet de voyager en vivant et travaillant dans des fermes biologiques, sur le principe du gîte et couvert offerts) au Chili, lors des vendanges. Elle en garde un merveilleux souvenir. Finalement, lors des voyages d’après, elle est surtout retournée voir des amis qu’elle s’était faits pendant les voyages précédents. « Je n’ai pas fait de circuits touristiques, j’ai fait des circuits de copains », s’amuse-t-elle. Bien qu’elle ait moins visité ces fois-là, elle a eu l’impression de vivre des choses plus vraies. « C’est un bout de vie que je vis avec eux ».
Des milliers de femmes, comme Manon et Philomène, ont sauté le pas pour voyager seules et ne l’ont pas regretté. Si vous hésitez, nous espérons que ces témoignages vous ont donné un petit coup de pouce dans votre décision. N’hésitez pas à rejoindre la page Facebook ou visiter le blog de Jenny Diab, ou d’autres bloggeuses voyage comme elle. Et surtout, plus que jamais, pensez à immortaliser ces moments avec vos photos. Ce sont des souvenirs que vous chérirez toute votre vie. Et pourquoi ne pas les faire partager à vos proches, via messagerie ou par carte postale personnalisée ?