Dans la vraie vie, dans la littérature ou au cinéma, les moments « père/fils » sont régulièrement mis en avant. Que ce soit au travers d’activités sportives du dimanche ou encore de récits post-apocalyptiques comme dans le roman et film La Route, le sujet de la complicité père/fils semble être une source d’inspiration inépuisable. En proportion, on parle finalement assez peu des moments père et fille. Or, les filles ayant des relations privilégiées avec leur père sont nombreuses. Chez Fizzer, on a souhaité vous parler d’un très beau voyage vécu par un père et sa fille… Retour sur le récit de M.
« Mon père et moi avons toujours été proches. Cette proximité a été remise en question au divorce de mes parents. Mon père a alors mis un point d’honneur à m’emmener régulièrement en voyage pour me montrer qu’il était toujours là pour moi. Au début, je rechignais un peu. Dans l’idéal j’aurais préféré rester avec mes amis ou être en famille au complet. Finalement, j’y ai pris goût petit à petit.
Le premier voyage qu’il m’a proposé était une traversée de la Méditerranée en voilier au départ de Marseille. Mon père a toujours été fan de bateau et moi j’ai toujours eu un peu peur de l’eau. Autant vous dire que nous n’étions pas très compatibles pour ce voyage à première vue. Mais mon père ne s’est pas arrêté au premier obstacle. Il a tout fait pour me mettre en confiance et me montrer que je ne regretterais pas ce périple.
Le grand départ
Nous sommes alors partis de Marseille un beau jour de juillet dans un voilier avec couchettes et juste le nécessaire de vêtements et de provisions. Moi je suis plutôt apprêtée et du genre à emmener une maxi valise rien que pour un week-end entre amis, alors rien qu’au moment de faire mon sac j’ai compris que ce voyage allait être initiatique. J’ai fait le tri et j’ai suivi les conseils de mon père : n’emmener que le stricte nécessaire.
Une fois partis, mon père m’a briefée sur le programme du séjour. Nous allions passer une bonne partie de celui-ci en mer pour enfin arriver en Corse. Le premier jour et la première nuit se sont passés à merveille et nous avons échangé tout un tas de blagues et d’anecdotes communes. Le deuxième jour, en revanche, une tempête s’est levée. Ma peur du bateau m’a submergée et j’ai commencé à maudire mon père et à lui dire que je savais bien que je n’aurais jamais dû m’embarquer dans ce voyage avec lui.
Le bateau a tangué jusqu’à nous renverser tous les deux par-dessus bord. Je me suis agitée comme une folle pensant que j’allais me retrouver à suffoquer entre les cordages. Lorsque je me suis rendue compte qu’en fait nous étions juste tombés à l’eau et qu’il suffisait de remonter dans le bateau, mon père et moi avons éclaté de rire. Les choses semblent souvent très dramatiques en mer car on est loin de la rive et on a l’impression de ne rien contrôler mais en gardant la tête froide (pas si difficile en plus avec la température de l’eau), tout est beaucoup moins angoissant qu’il n’y paraît.
À la découverte de l’île de Beauté
Après plusieurs jours de traversée et pas mal de coups de soleil, nous sommes enfin arrivés en Corse, à Calvi. J’attendais ce moment avec beaucoup d’impatience, déjà pour prendre une douche, mais surtout car j’avais toujours rêvé d’aller sur l’île de Beauté. Mon père avait prévu toute une série d’activités pour que nous n’ayons pas une minute d’ennui là-bas. J’ai effectué mon baptême de plongée qui m’a définitivement réconciliée avec ma peur de l’eau. Nous avons beaucoup visité Calvi et surtout dégusté les spécialités corses qui nous changeaient de notre régime très frugal sur le bateau.
La nuit, nous dormions au port. Il faisait tellement chaud qu’on pouvait dormir sur le pont, à la belle étoile. Même si vers 5 heures du matin, il était fréquent qu’on se réfugie dans les cabines à cause du vent.
Je garde un autre souvenir particulièrement mémorable de ce voyage avec mon père. Il avait également prévu une petite randonnée de deux jours et une nuit où nous devions camper en pleine nature, au beau milieu de nulle part. Il avait tout prévu, la tente, de quoi cuisiner etc.
Le lendemain de la marche, nous nous sommes affairés pour préparer le petit déjeuner. Tout à coup, une chèvre solitaire est passée à côté de notre tente. Cette vision était déjà tout à fait insolite en elle-même mais quelle n’a pas été ma surprise quand j’ai vu mon père saisir la chèvre par le collier et commencer à la traire dans un bol de camping. Je n’en croyais pas mes yeux. J’avais toujours vu mon père comme une sorte de MacGyver que rien n’arrêtait mais je n’avais aucune idée que ses compétences s’étendaient à l’extraction du lait de chèvre. Une fois cette dernière relâchée nous avons bu le lait. Cette scène improbable a permis à mon père de m’en raconter plus sur son enfance.
J’ai appris qu’en fait il avait passé toute une partie de sa jeunesse à la ferme et qu’il aidait régulièrement ses grands-parents à traire les vaches.
Un périple père/ fille inoubliable
Après cette mini randonnée, nous sommes retournés à notre voilier et avons largué les amarres, cap sur Marseille. La traversée du retour a été un moment très fort en émotions. Nous avons pu parler de tout ce que nous venions de vivre et continuer à en apprendre plus l’un sur l’autre. Une fois de retour à Marseille j’étais revigorée, rassérénée et je me sentais en osmose parfaite avec moi-même. J’ai chaleureusement remercié mon père pour ce périple inoubliable qui nous a soudés plus que jamais. Je lui ai promis que ce ne serait que le début d’une longue série de moments père/ fille.»
Si vous aussi vous vous apprêtez à faire un voyage entre père/ fille, nous espérons que vous en reviendrez aussi satisfaite. Surtout, vous n’oublierez pas de prendre de superbes photos ! Vous pourrez ensuite envoyer vos clichés par carte postale personnalisée à votre père en guise de remerciement. Cela lui rappellera les bons moments que vous avez vécus tous les deux.